Si vous n’avez pas encore lu la première partie de l’histoire racontée par Vanessa, je vous invite à la lire en cliquant ici.

Tout s’est accéléré en janvier 2021 grâce à ce nouveau match ADN:

Nous découvrons sur notre troisième test ADN Ancestry  une correspondance ADN d’une importance capitale pour la suite de nos recherches: Kathi, une dame suisse de 70 ans vivant aux États-Unis avec qui nous partageons 4% d’ADN en commun. Nous avons énormément de chance car nous rentrons en contact avec son fils, Dave, qui est d’accord de nous aider dans nos recherches et nous partage son arbre généalogique. Petit hic: sa famille est immense! Il y a 10 personnes du côté paternel et maternel au niveau de la lignée des arrière-grand-parents biologiques. En un premier temps, nous arrivons grâce à d’autres correspondances ADN entre sa maman, Tanya et moi à déterminer que le lien se fait côté maternel.

De plus, quelques mois après, Paul, cousin germain côté maternel de Kathi, nous validera ce côté-là en faisant à son tour un test ADN. Nous déterminons aussi que le lien ADN est le suivant: nos donneurs seraient les fils d’un(e) cousin(e) germain(e) de Kathi et de Paul. Il y a énormément de candidats au niveau de leurs cousins germains maternels car ils sont une trentaine et nous devons procéder par élimination avec les critères que nous avons en notre possession (âge des donneurs lors du don entre 20 et 40 ans, devaient habiter sur Berne, deux frères etc…).

Au bout d’un mois après notre match initial avec Kathi, nous ciblons comme potentiels donneurs une fratrie de trois descendants (après avoir éliminé 8 autres branches).

Mais comment les contacter à présent ? Grâce à un document plus détaillé sur la famille que Paul nous a remis et aussi via un faire-part de décès, nous trouvons le contact de Luca, qui est le fils d’un des trois frères. Si nous sommes bien sur la bonne famille il est soit notre cousin germain ou le demi-frère de ma sœur ou de moi. Nous tentons notre chance et le contactons en lui racontant assez vite notre histoire. Il est très touché, nous répond vite et nous promet d’écrire aux hommes de sa famille afin de savoir s’ils ont été des donneurs. Quelques jours plus tard il revient vers nous avec de mauvaises nouvelles, deux des hommes ont répondu qu’ils n’ont pas été donneur et le dernier ne répond pas. Il nous partage tout de même les antécédents médicaux de sa famille et nous nous demandons si peut-être l’un d’eux nous cache la vérité et le troisième qui ne répond pas serait aussi un de nos donneurs mais nous décidons de ne pas insister.

Quelques mois plus tard et après avoir pris contact avec des descendants d’autres branches de cette immense famille, nous refaisons le tour de nos déductions et nous avons l’intime conviction que nos donneurs ne peuvent que être ces deux frères dans une fratrie de trois. De plus, l’un d’eux est médecin à la retraite et a été étudiant en médecine durant les bonnes années sur Berne. Malgré la première réponse négative de la part de cette famille, nous retentons notre chance en essayant une autre tactique. Nous rédigeons une lettre à l’attention du médecin car nous savons qu’il n’a pas d’enfants et cela facilitera peut-être le contact. La rédaction de cette lettre ressemble plus à une dissertation qui nous prend quelques semaines avant que nous soyons entièrement satisfaites du contenu :

« Cher Dr. S.,

Je m’appelle Vanessa B., j’ai 39 ans, je suis mariée avec deux enfants et vis à Genève. Ma sœur, mon frère jumeau et moi avons été conçus par don de sperme anonyme à la Frauenklinik de Berne, en 1978 et en 1981 respectivement.

En février 2021 votre neveu Luca vous a contacté en partageant avec vous et vos frères notre message et notre document « Recherches généalogiques » vous expliquant que ma sœur Tanya et moi étions à la recherche de deux frères qui sont nos donneurs.

Avant de continuer, je souhaite préciser que Luca n’est pas du tout au courant de ma prise d’initiative de vous écrire, nous ne sommes plus du tout en contact depuis plusieurs mois maintenant.

Je me permets de revenir vers vous car nos recherches ont évolué depuis février. Paul (fils d’Emma S. et un cousin germain de votre père F.S.) a effectué un test ADN et a confirmé que nous descendons bien du couple F. S. (1862) et R. S-B (1871). De plus, sur la plateforme ADN Myheritage, il y a plusieurs matchs ADN qui pointent sur des membres de la famille H.

C’est pour cela que je pense que vous pourriez être un de nos donneurs, ainsi qu’un de vos frères. Si tel est le cas, je comprends tout à fait que vous l’ayez nié quand votre neveu vous a approché en février. En effet, c’est un choc et beaucoup de questions doivent surgir en prenant connaissance de l’existence de personnes nées grâce à l’un de vos dons, cela devient soudainement concret. Je peux peut-être me tromper bien sûr mais j’ai quand même plusieurs indices qui pointent sur le couple S-H.

Nous avons grandi avec un secret nous concernant. Même si nous n’en étions pas conscients, il était présent tous les jours, pesant sur nos parents et cachant une partie de notre identité. Lorsque nos parents nous ont appris la vérité, cela a été un grand soulagement pour nous tous. Mais il nous reste du travail pour reconstruire notre identité, et nous pensons que savoir qui est notre donneur et connaître son visage nous aidera à le faire.

Dans le cas où vous seriez un de nos donneurs, je souhaitais aussi réitérer notre démarche: nous ne cherchons pas un autre père, ni une autre famille. Nous ne cherchons pas non plus des avantages financiers. Ce que nous cherchons est une pièce manquante dans le puzzle de notre vie, une pièce qui nous aidera aussi à mieux nous connaître, ainsi qu’à connaître nos antécédents médicaux, qui restent une inconnue angoissante.

J’espère que le contenu de ma lettre ne vous a pas trop dérangé mais j’avais réellement besoin de vous écrire directement pour n’avoir aucun regret. Je suis aussi pour les échanges et l’aventure humaine, c’est aussi pour cela que j’ai pris cette initiative.

C’est un sujet très important pour moi depuis la découverte il y a bientôt deux ans de ce secret de famille sur ma conception et de cette branche inconnue de mes origines et je souhaiterais de tout cœur pouvoir clore le chapitre des « recherches » et trouver la réponse de cette quête identitaire. J’ai la chance de mener une très belle vie mais je me sentirais encore plus complète avec une réponse concrète sur mes origines cachées.

Je suis complètement ouverte à toutes questions que vous pourriez avoir. J’espère que vous serez d’accord de me répondre en retour, un contact par lettre me suffit si c’est l’option que vous préférez.

Cordialement,

Vanessa B. »

Je l’envoie en recommandé le cœur battant. De plus, je peux voir sur le site de la Poste quand elle sera réceptionnée et advienne que pourra ! Soit il nous répond qu’on s’est trompé et on a notre réponse, soit il ne nous répond pas… et on a notre réponse (qui ne dit mot consent!) mais nous espérons que ce sera la troisième option.

Ça y est, il l’a réceptionnée et un jour après ma sœur et moi recevons un email de la part de notre destinataire. Notre cœur bat la chamade, nous restons bloquées au moins 5 minutes avant de cliquer sur l’email par peur d’en découvrir le contenu. Nous prenons notre courage à deux mains et cliquons ensemble et découvrons cette incroyable réponse :

 « Chère Vanessa, Chère Tanya,

Je me réfère à votre lettre pas tout à fait inattendue.

Je crois que je suis en mesure de vous livrer les dernières pièces de votre puzzle que vous recherchez, car je comprends votre motivation.

Je suis également disposé à vous rencontrer personnellement… ».

C’est l’explosion de joie ! Nous pleurons et rions au téléphone, ça y est , on a trouvé, on a réussi, on ne s’était pas trompée, quel soulagement ! Entre la découverte du secret sur nos conceptions respectives et la réponse s’est écoulé environ un an et demi, nous réalisons la chance que nous avons, notre détermination a payé.

Nous lui répondons très vite et le rendez-vous est pris pour deux semaines plus tard chez lui. Nous ne sommes à ce moment-là pas encore sûres de qui il est le « père biologique » et de qui il est « l’oncle biologique » même si nous avons tout de même notre petite idée.

Par une magnifique journée d’été nous quittons notre bord du lac Léman afin de le rencontrer. Tanya et moi sommes folles de joie, nous allons enfin découvrir le visage de cet homme qui a joué un rôle si important pour notre famille il y a 40 ans de cela.

La suite ici dans le récit de Tanya.

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